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Droite-Gauche : deux visions antinomiques de la culture.

La droite brestoise n’a pas apprécié le volet culturel de la journée portes-ouvertes aux Capucins, et a tenu à ce qu’on le sache. A l’occasion du Conseil municipal de Brest, Laurent Prunier (UMP) n’a pas mâché ses mots pour critiquer tout ce qu’il a vu, faisant fi de l’engagement de 150 brestois et de nombreux bénévoles, et ciblant principalement ses attaques contre le Fourneau.


La presse l’a relaté, cette opération permettant de découvrir les Ateliers a été un succès, et les retours des Brestois qui sont venus visiter le plateau et profiter des spectacles et animations sont particulièrement élogieux. L’histoire pourrait s’arrêter là : après tout, si un élu de l’opposition brestoise n’a pas aimé le spectacle, tel est son droit, et tant mieux si ce sentiment n’est pas partagé.

Les remarques acides venant des rangs de la droite marquent malgré tout un vrai clivage entre deux conceptions de la culture. A travers Le Fourneau, comment ne pas y voir une critique plus globale d’une culture vivante et populaire, qui avance et associe les habitants et la population à la création ?

Il y a bel et bien deux visions de la culture. Face à une culture ouverte et populaire, d’autres préfèrent une culture d’élite, peu accessible et réservée à quelques-uns, avec un aspect immuable de répétition de ce qui s’est déjà fait. Ainsi M. Prunier regrettait que les animations proposées ne soient pas plus classiques et ne se limitent pas à la mise en valeur du patrimoine existant. Ce n’est pas un cas isolé, on a ainsi vu des responsables de l’UMP dans le Finistère sacrifier des évènements importants de culture populaire dès leur arrivée dans un fauteuil de maire.

A l’inverse, le choix fait par la majorité brestoise est de mettre en valeur et de donner sa place à une culture ouverte, populaire, vivante et créatrive. Une culture qui associe pleinement les habitants, les spectateurs, à l’acte même de création. Le Fourneau a su à de nombreuses reprises proposer des productions ou des animations de très grande qualité, qui ont remporté une large adhésion du public. Labellisé Centre National des Arts de la Rue, cette structure est un véritable atout pour notre territoire, et une vraie chance - une chance que tous, à droite, ne dénigrent pas, puisque le ministre de la culture Frédéric Mitterrand est venu visiter le centre du Fourneau lors de son déplacement à Brest.

Il n’est pas question, bien sûr, de privilégier une culture plutôt qu’une autre. Il s’agit plutôt de donner sa juste place à chacune de ces expressions, et de se saisir des opportunités qu’offrent les acteurs locaux reconnus pour participer à l’animation, la création et la diffusion d’œuvres ou de mise en scène sur tout le territoire.

Pour le reste, le choix des contenus est du ressort de ces compagnies, ou des responsables de la programmation. Les élus ont la responsabilité de favoriser une dynamique culturelle, mais certainement pas de se mêler du contenu des programmes. Ca, l’Union de la Droite et du Centre ne le conçoit pas, et l’a déjà montré à plusieurs reprises, par exemple en s’insurgeant contre le contenu d’une exposition d’art contemporain au centre d’art Passerelle. Toute ressemblance avec un Président de la République s’insinuant dans les choix de programmation des chaînes de télévision ou des radios n’est pas le fruit du hasard. 

L’indépendance des créateurs et de ceux qui choisissent la programmation des lieux culturels est essentielle. Le politique n’a pas à faire d’ingérence ni à exercer de pression, en particulier financière, sur les acteurs du monde culturel au gré d’appréciations personnelles sur des représentations ou des créations particulières. Car, comme l’a rappelé François Cuillandre, maire de Brest, à l’occasion de ces débats : "lorsque des élus veulent contrôler les contenus culturels, cela finit toujours très mal".