M. le maire, Chers collègues,
Au moment où se poursuit « le grand débat », il me semble important de porter à votre connaissance les propos tenus par le Président de la République lors de sa rencontre, mardi 15 janvier 2019, avec 600 maires dans l’Eure.
A cette occasion, il a précisé les raisons qui ont poussé l’exécutif à réformer le secteur du logement social.
Sur le logement en particulier, Emmanuel Macron s’est fendu d’une longue tirade pour défendre le bien-fondé de la réforme imposée aux bailleurs sociaux à travers la loi de finances pour 2018 (puis celle pour 2019) et de la loi Elan.
Une réforme dont il assume qu’elle vise à « faire des économies » - cela a enfin le mérite d’être clair ! -, tout en concédant ne pas l’avoir expliquée avec « assez de pédagogie ».
Il dit aussi que « cela fait 20 ans qu’on a créé un système où l’Etat finance les bailleurs sociaux et les gens qui y vivent ». Il assume pleinement de dire qu’en France, il n’est pas normal de soutenir des opérateurs à missions d’intérêt général et encore moins de soutenir les Français les plus modestes qui y résident. Je rappelle quand même qu’il s’agit de 11 millions de résidents dans le parc HLM français et de l’équivalent de 35 000 personnes à Brest métropole habitat !
Je vous pose la question : où est passé l’Etat régalien ? Il devrait être le premier acteur de la régulation sociale ! Puisque je vous le rappelle, le logement public est un bien de première nécessité, un bien de la nation, et normalement de la compétence de l’Etat. Nous voyons bien que le Président fait fi de tout cela. Les pays européens qui ont procédé à la casse de leur parc public au fil du temps le regrettent aujourd’hui amèrement et font machine arrière en injectant des sommes folles pour reconstituer ce socle nécessaire à la cohésion sociale. L’Etat fait le mouvement inverse…
Le Président a également défendu sa mécanique de baisse des loyers pour pouvoir baisser les APL à juste proportion. Cette logique induit de mettre sous pression nos offices HLM territoriaux qui depuis de nombreuses années mènent une politique de maîtrise des loyers et accueillent une forte population touchant les APL. A BMH 60% des résidents sont bénéficiaires des APL. Alors que veulent-ils ? Que les bailleurs sociaux s’affaiblissent et ne puissent plus loger nos concitoyens modestes ? On est bien parti pour ! Si demain le processus engagé par l’exécutif se poursuit, les bailleurs construiront moins et il y aura une nouvelle tension sur l’offre de logements pour les personnes modestes. Le rôle d’amortisseur social des organismes HLM sera largement affaibli.
Emmanuel Macron a terminé son intervention en dénonçant un système du logement qu’il considère comme « fou » en France et en pointant les 40 milliards d’euros de dépenses publiques dans le pays. Certes, les parcs public et privé coûtent 40 milliards d’euros mais il oublie de dire que le logement social ramène des recettes de l’ordre de 72 milliards d’euros !
Face à ce contexte scandaleux, les organismes HLM – notamment celles adossées aux métropoles – poursuivent leur stratégie d’adaptation et créent des synergies de coopérations visant à asseoir un devenir le plus stable possible pour elles. Face à ce contexte, BMH se porte plutôt bien malgré tout ; il investit en 2019 presque 100 millions d’euros (entre la réhabilitation, l’entretien, l’exploitation et la production neuve). BMH est inquiet mais responsable.
Les propos tenus le 25 janvier dernier démontrent qu’il n’y aura aucun infléchissement quant aux mesures qui affectent les bailleurs sociaux. Nous, élus socialistes, exprimons collectivement notre indignation face au mépris gouvernemental concernant le monde HLM.