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Tap le midi, 4,5 jours… la Ville défend sa cause

Retrouvez l’interview d’Émilie Kuchel, Adjoint en charge de la politique éducative locale, parue dans le Ouest France du 15 mars 2019.

Votre projet de réorganisation des rythmes scolaires semble faire l’unanimité contre lui. Êtes-vous surprise ?

Oui, nous ne comprenons pas. Contrairement à ce que l’on nous reproche, nous avons beaucoup consulté depuis deux ans. Plus d’un millier de personnes ! Notre projet prend en compte des critiques formulées au cours d’ateliers réunissant des instituteurs, parents, Atsem et animateurs. Beaucoup regrettaient les alternances de journées longues et courtes selon les Temps d’activités périscolaires (Tap). Nous prenons en compte ces critiques en organisant les Tap, tous les midis. Les journées seront plus régulières. Elles se termineront à 16 h 15, exceptés le vendredi. L’amplitude horaire de la journée va baisser de 35 minutes pour les enfants.

Les instituteurs sont très mécontents. Ils demandent que les conseils d’école soient davantage écoutés. Qu’en pensez-vous ?

Mais le débat a dévié sur la semaine de 4 jours ! Ce jeudi midi, nous avons reçu une intersyndicale d’enseignants. Lors de leur assemblée générale, à une large majorité, ils se sont prononcés pour la semaine de 4 jours. Actuellement, les conseils d’école se réunissent. Ils doivent émettre un avis sur la réorganisation des rythmes scolaires. Mais, on voit que beaucoup se prononcent pour ou contre la semaine de 4,5 jours ! C’est inconcevable !

Qu’allez-vous faire ?

Nous attendons la fin de tous les conseils d’école, fin mars. Mais, en tout état de cause, nous maintenons les 4,5 jours. C’est un choix politique. Parce que cinq demi journées sont favorables aux apprentissages des enfants. À Brest, elle est en place depuis une trentaine d’années, excepté quatre ans sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Nous pensons que les Brestois y sont attachés.

Des parents et des enseignants protestent aussi contre des activités sur la pause de midi. Vont-elles fatiguer les enfants ?

Mais les enfants sont là ! 75 % des élèves mangent à la cantine. Certains bénéficient déjà d’activités. Là, les Tap, c’est du plus ! On augmente la pause méridienne d’un quart d’heure. Et on laisse la possibilité à ceux qui mangent chez eux le midi, de revenir à 13 h 15, pour les Tap.

Certains craignent une baisse de qualité des Tap…

Au contraire, on veut renforcer les Tap !

Voulez-vous faire des économies ?

Pas du tout. Ce n’est pas l’objectif. À Brest, les Tap représentent 2,2 millions d’euros par an contre 1,2 million à Rennes et 1,8 Nantes. La réorganisation nous ferait faire des économies, mais ce ne sera pas le cas, car nous allons les réinjecter dans les Tap.

Allez vous supprimer des postes d’animateurs ?

C’est faux aussi. Nous voulons au contraire titulariser 35 animateurs sur les 70 contractuels. Pour les autres, nous allons revoir leurs horaires. Il faut rappeler que nous avions 50 associations à intervenir pour animer les Tap, à l’origine. Elles ne sont plus que huit !

Pourquoi réformer aujourd’hui ?

Parce que la loi nous y oblige. Notre système actuel des Tap est dérogatoire. Dans le cadre du renouvellement de notre projet éducatif local, nous devons obligatoirement le soumettre à un nouveau débat et avis. Nous voulons le mettre en conformité avec les textes une fois pour toutes. Les Tap, le midi, c’est le meilleur scénario.

Pourquoi ne pas organiser de débat public ?

Parce ce que nous avons déjà beaucoup consulté. Et qu’il serait question des 4 jours, ce qui n’est pas négociable.

Que se passerait-il si Brest revenait à la semaine de quatre jours ?

Concrètement, ce serait 70 animateurs en moins, le retour des Atsem à des temps partiels (80 %), et la suppression de 250 000 € aux associations en gestion direct des Tap. Socialement, dans la ville de Saint-Denis, 3 000 enfants participaient aux Tap ; avec le retour des 4 jours, seulement 300 pratiquent les activités. Ils sont devant les écrans ou dans la rue.

Et si la situation reste bloquée avec les instituteurs ?

Ce sera à l’Inspection académique du Finistère de trancher.

CRÉDIT PHOTO : OUEST-FRANCE