Réforme des retraites, mégabassines, violences urbaines… L’année écoulée nous impose de dépasser le seul discours répressif pour consolider nos principes démocratiques. La transition écologique nous met au défi : construire un nouveau contrat social qui s’attache à accompagner les plus fragiles d’entre nous.
« Embarquer les citoyens » n’est pas une option. Urgence climatique, sociale, économique : nous devons trancher entre plusieurs chemins. Là se jouent nos valeurs en tant que nation. Face à la raréfaction des biens communs, saurons-nous privilégier le partage au repli ? Face à l’urgence, saurons-nous privilégier la coopération à l’illusion de la verticalité ? Le défi est immense : rebâtir ensemble un horizon désirable. Avec les territoires au cœur.
Le réchauffement climatique frappe d’abord les plus fragiles, français ou étrangers, urbains ou ruraux. Nos choix de transition doivent donc suivre un impératif de cohésion et d’humanité. C’était le thème des journées nationales de France urbaine qui viennent de se conclure à Angers.
Car si préserver la qualité de l’air est une nécessité pour tous, nous devons accompagner d’abord celles et ceux qui n’ont pas d’alternative, y compris hors des métropoles. Cela, c’est « embarquer et faire avec les citoyens ».
Car nos territoires sont confrontés à une crise du logement qui impose de reconstruire des régulations permettant à chacune et chacun d’accéder à la dignité du logement. Cela, c’est « embarquer et faire avec les citoyens ».
Car face à la raréfaction de la ressource médicale, qui frappe aussi nos villes et quartiers prioritaires, nous devons éviter tout discours antagoniste entre territoires. Cela, c’est « embarquer et faire avec les citoyens ».
Contrat social, contrat territorial
Eau, air, sols, alimentation… La gestion de la rareté percute notre pacte démocratique. Pour une grande part, les réponses se trouvent à l’échelle intercommunale, dans nos grandes agglomérations et métropoles. Là s’opèrent les arbitrages, là sont mobilisés les moyens : c’est donc là que les enjeux doivent être démocratiquement appropriés. De nouvelles solidarités articulent espaces urbains, périurbains et ruraux, autour de territoires de conviction où l’intérêt commun transcende les périmètres administratifs. C’est l’Alliance des territoires, qui assume la complexité, l’interdépendance, la vulnérabilité, la réciprocité. Le débat public doit prendre la mesure de ces réalités.
Les ressources fiscales du bloc communal se sont érodées au profit de dotations menacées chaque année. Le lien entre le citoyen et son territoire s’est donc érodé, tout comme notre faculté collective à animer une démocratie vivante. A-t-on le courage d’assumer un regain démocratique et d’y adosser des moyens ?
A des financements pérennes se sont substitués des appels à projet. A l’efficacité des politiques publiques a été privilégiée la volonté de contrôle et de communication. Or la planification écologique exige un plan et des résultats. A-t-on le courage d’assumer une démocratie du temps long ?
Face aux tensions et aux violences, ne cédons pas à la tentation de la recentralisation. Nos mairies, nos équipements, nous-mêmes avons été témoins et parfois victimes de ces mouvements. Mais nous avons un mandat et nous ne nous résignerons pas au rôle de témoin. Au contraire ! Face aux enjeux de la rénovation énergétique, laissons la main aux territoires. Face aux tensions qui fragilisent nos quartiers prioritaires, faisons confiance aux territoires en matière de prévention de la délinquance et de réussite éducative. Pour notre jeunesse, assumons une vraie politique de lutte contre la pauvreté.
Pas pour accroître notre « pouvoir sur », mais pour assumer notre « pouvoir de » : celui de changer les choses.