Les propos du député Didier Le Gac parus dans Le Télégramme du samedi 21 octobre m’ont beaucoup surprise.
Ce dernier réagissait à mon discours d’ouverture des journées nationales du Réseau français des villes éducatrices (RFVE), prononcé aux noms des collectivités membres du RFVE, que je l’invite d’ailleurs à rencontrer.
Concernant l’école obligatoire à 3 ans, Didier Le Gac prend acte lui-même par ses propres arguments de l’inefficacité de la mesure pour lutter contre les inégalités scolaires puisque 97% des enfants étaient déjà scolarisés en métropole.
Aucune collectivité n’a d’ailleurs constaté d’augmentation de la scolarisation depuis sa mise en place. En outre-mer, les collectivités dénoncent le manque d’écoles et d’enseignants pour répondre à l’enjeu de la réduction des inégalités. L’effet d’annonce a primé sur l’efficacité réelle dans la lutte contre les inégalités liées à l’origine sociale des enfants.
En revanche, cette mesure a conduit les collectivités à assumer le financement des maternelles privées, ce qui n’était auparavant que facultatif. Et je ne doute pas que Monsieur Le Gac sait également que les collectivités ont en charge le financement des postes d’ATSEM dont le coût est nettement plus important en maternelle qu‘en élémentaire. Pour autant, toutes les dépenses des collectivités n’ont pas été compensées par l’Etat : on estime à près de 150 millions d’euros les coûts supplémentaires pour les collectivités versés aux établissement privés, sans parler des forfaits scolaires qui ont augmenté par ricochet suite à cette loi.
Pour les dédoublements des classes, je déplore le manque constant de dialogue du ministère avec les collectivités qui ont dû prendre seules en charge les travaux et les aménagements des locaux comme les conflits d’usage induits. Combien de structures modulaires dans les cours de récréation ? Combien de bibliothèques fermées ou salles multimédias non utilisables désormais ? Et je regrette en effet le fait que cette loi ne soit pas encore déployée dans toutes les collectivités, par manque de bâtiments scolaires ou d’enseignants disponibles notamment dans les villes les plus pauvres de France.
Pour les rythmes scolaires et les temps périscolaires, la loi est encore à 4 jours et demi. Un fond de soutien finance ces temps périscolaires auprès des collectivités qui respectent la loi. Mais c’est avec stupéfaction que les associations d’élus ont découvert que le gouvernement a décidé par arrêté fin septembre, sans aucune concertation, une forte baisse puis un arrêt définitif des financements. UNE DÉCISION CHOQUANTE SUR LE FOND ET SUR LA FORME.
Alors Monsieur Le Gac, tout va bien ? Les faits sont têtus : l’école va bien pour les enfants des classes supérieures en France métropolitaine, notamment dans notre Finistère. Pour autant on ne peut ignorer ce qui est dénoncé par tous : le manque d’enseignants, le manque d’animateurs, le manque de médecins scolaires, la surcharge des classes en France hors classes dédoublées… Il est temps de réaliser que les inégalités à l’école n’ont cessé d’augmenter depuis ces 5 dernières années dans notre pays ! Soyons collectivement à la hauteur des enjeux qui exigent moins d’effets d’annonce et plus de dialogue avec les collectivités, pour nos enfants.