Toutes les enquêtes d’opinion le démontrent : la santé est une préoccupation majeure pour nos concitoyens. Des français particulièrement inquiets face aux difficultés d’accès aux soins, à la dégradation du service public de santé comme à la crise profonde que connaît aujourd’hui l’hôpital public.
Le diagnostic de la crise de l’hôpital public est en effet alarmant : plus d’un service d’urgence sur cinq est en difficulté, des lits ferment dans tous les hôpitaux, et la dégradation avancée des conditions de travail des soignants entraine une hausse du taux d’absentéisme comme une fuite vers le privé.
Mais ce mal ne vient pas de nulle part. On le doit à des années de gestion comptable de l’hôpital public. Sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, ce sont ainsi plus de 18 000 lits qui ont été fermés. A cela s’ajoutent des sous-investissements chroniques et une réforme du financement des hôpitaux qui en ont beaucoup souffert. A la souffrance des patients s’ajoute aussi l’épuisement des soignants. La perte d’attractivité des métiers du soin est la conséquence de la dégradation des conditions de travail des personnels médicaux et paramédicaux. Et même si les mesures annoncées dans le cadre du « Ségur de la santé » suite à la crise sanitaire vont dans le bon sens, elles demeurent insuffisantes.
Partout en Bretagne, les urgences, en sous-effectif, sont à bout et ne tiennent qu’à un fil, grâce à la bonne volonté des personnels soignants. Le système hospitalier public connait, dans le Finistère, une très forte tension. Le 7 novembre, l’hôpital de Morlaix a dû déclencher son "Plan Blanc" en raison de la saturation du service des urgences. De même, le service des urgences de Quimper est complètement débordé. L’ensemble des personnels médicaux du service des urgences du CHU de Brest-Carhaix est en grève à durée illimitée à l’heure où nous écrivons ces lignes. Il manque en effet aujourd’hui 25% de personnel aux urgences du CHU de Brest. Dans ce contexte, les inégalités de santé progressent d’autant que l’accès aux soins de la population recule toujours davantage dans tous nos territoires.
Dans le Finistère et partout en France, la situation impose une réflexion globale à l’échelle des territoires de santé. Il est urgent que l’Etat prenne la mesure de la crise en engageant les réformes nécessaires de notre système de santé et lui octroie des moyens à la hauteur des besoins. Le gouvernement doit rompre avec sa vision purement comptable pour construire les budgets hospitaliers à partir des besoins en santé de la population pour aujourd’hui et pour demain. La situation exige aussi d’investir massivement dans la formation des futurs professionnels de santé et de repenser la médecine libérale dans un contexte de pénurie de médecins. Face au risque d’effondrement d’un système que le monde nous enviait il n’y a encore pas si longtemps, c’est tout notre hôpital public qu’il nous faut reconstruire.