Hommage à Robert Badinter, place de la Liberté.
« Mesdames, Messieurs,
C’est avec beaucoup d’émotion que je prends la parole devant vous, au pied de notre maison commune.
En ce moment, place Vendôme, devant le ministère de la justice, la République rend hommage à l’un de ses plus fidèles serviteurs.
Au nom du conseil municipal, j’ai souhaité que la Ville de Brest et ses habitants puissent s’associer à cet hommage national.
Peu de femmes et d’hommes peuvent dire qu’ils ont marqué l’Histoire de leur empreinte. Robert Badinter est de ceux-là.
Comme avocat, comme garde des Sceaux, comme président du Conseil constitutionnel, Robert Badinter incarne à jamais la lettre et l’esprit de notre République, laïque, unie et indivisible.
Epris de justice, son intégrité morale, sa droiture associée à son élégance et à sa modestie, lui ont valu l’estime et une reconnaissance au-delà de notre nation. Ardent défenseur de l’abolition de la peine de mort et des Droits de l’homme, il plaçait les principes au-dessus de tout. Il savait que quelles que soient les émotions et les situations, les grands principes de notre Constitution et les droits fondamentaux sont les garants universels du vivre ensemble, de notre République et de sa devise : Liberté, Egalité et Fraternité.
Robert Badinter est l’exemple même du sens de l’engagement en politique. Vilipendé et haï par certains, sûr de ses convictions, Robert Badinter ne recule pas et assume l’impopularité. En 1981, ministre de François Mitterrand, il restera à tout jamais celui qui obtiendra l’abolition de la peine de mort dans un discours qui marquera à jamais notre représentation nationale.
Admirateur de Victor Hugo, il incarne dans l’esprit de beaucoup l’héritage du siècle des lumières et de ses valeurs universelles.
Chers amis, Robert Badinter incarne l’idée même que tout homme doit se faire de la justice et de l’équité, à la fois sensible au sort des détenus et à celui des victimes, pour lesquelles il obtient la création du premier service d’aide aux victimes.
Au moment où les dangers du populisme nous guettent à nouveau, sa hauteur de vue, sa lucidité et son humanisme, sa foi dans la démocratie et la construction européenne nous manquent déjà.
Robert Badinter restera pour nos générations et pour les générations futures un phare qui je l’espère continuera longtemps à nous guider, ici à Brest et partout sur le territoire de la République.
Pour lui rendre hommage, je vous invite maintenant à observer une minute de silence. »
François Cuillandre, Maire de Brest.