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Dissiper le brouillard pour éviter la nuit

👉🏼 Retrouvez la tribune de Yann Guével, président du groupe des élu.e.s socialistes et premier secrétaire du PS Brest, pour un front populaire et républicain face à l’extrême-droite.

Il fait sombre au pays des lumières.

Le 9 juin dernier, 40% de nos concitoyens ont voté pour l’extrême droite aux élections européennes. A cette victoire électorale du rassemblement national, Emmanuel Macron a choisi d’ajouter une victoire politique en lui offrant la dissolution qu’il appelait de ses vœux.

Dans ce contexte d’une gravité inédite pour notre République depuis l’après-guerre, notre responsabilité - celle des authentiques républicains, de droite et de gauche - est immense. Un parti qui met en péril notre démocratie et notre identité marche sur la République, et dispose désormais de toutes les conditions pour arriver au pouvoir.

Femmes et hommes de gauche, c’est dans cet esprit que nous avons mis en œuvre tout ce qui est en notre pouvoir pour défendre la France que nous chérissons et barrer la route à ceux dont le programme n’est que division et stigmatisation, mêlant racisme, antisémitisme, autoritarisme, misogynie, homophobie, et discriminations.

C’est ainsi que nous avons fait le choix de construire une dynamique unitaire de toutes les familles politiques de la gauche au sein du nouveau front populaire. Parce qu’au-delà de nos divergences - elles sont nombreuses - notre devoir était d’aller à l’essentiel pour faire rempart à l’extrême-droite.

Alors oui, le Finistère comme la Bretagne, où l’on constate la force de la gauche social-démocrate, où la liste Parti socialiste - Place publique menée par Raphaël Glucksmann a réalisé un score nettement supérieur au reste de la France, méritaient mieux que des désignations décidées dans l’urgence par les appareils parisiens et déconnectées des réalités locales.

Ils méritaient que l’espérance des habitantes et des habitants pour une social-démocratie apaisée pour transformer la société soit entendue pour construire la dynamique d’un front populaire et républicain le plus fort possible face à l’extrême droite.

Mais face au danger pour nos valeurs et l’avenir de notre pays, ce dont nous parlons nous dépasse : quel visage de la France présenterons-nous au Monde le 7 juillet prochain, à quelques jours de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques ?

Progressistes, nous avons toujours su faire la différence entre nos ennemis et nos adversaires. C’est pour cela que nous soutiendrons tous les candidats en mesure d’empêcher la victoire de l’extrême-droite lors des élections législatives.

En politique, il faut en effet choisir ses combats. Force est de constater que depuis près de deux semaines, certains préfèrent taper sur leur gauche plutôt que sur l’extrême droite.

Monsieur Le Drian en appelle à ses « amis sociaux-démocrates ». Mais l’amitié ne se décrète pas ! Nous, socialistes, ne sommes pas amis avec ceux qui ont trahi notre histoire. Qu’ils soient anciens ministres, ancien président de l’Assemblée Nationale, ex-parlementaires ou membres de cabinets.

Non, nous ne sommes pas amis avec ceux qui ont soutenu ou appartenu à un gouvernement responsable de réformes injustes comme celles des retraites au moment où les plus usés avaient besoin d’être entendus ou celles de l’assurance chômage, qui a fait des chômeurs une cible privilégiée.

Nous ne sommes pas amis avec ceux qui préfèrent sélectionner les pauvres méritants par le durcissement de la conditionnalité des aides et sacrifier les Français au profit exclusif des super privilégiés.

Nous ne sommes pas amis avec ceux qui ont soutenu les choix budgétaires et fiscaux du gouvernement qui ont lourdement grevé nos finances publiques.

Nous ne sommes pas amis avec les responsables de la casse des services publics d’État dans nos communes rurales comme dans nos quartiers populaires.

Nous ne sommes pas amis avec ceux qui ont soutenu ce naufrage républicain qu’a constitué la loi immigration.

Enfin, nous ne sommes pas amis avec ceux qui sont passés de la stratégie du ni de droite ni de gauche, à celle, irresponsable, qui consiste à mettre un signe d’égalité entre l’extrême droite et le rassemblement du gauche incarné par le nouveau front populaire. Nous ne sommes pas amis avec ceux qui, après s’être fait élire sur le barrage à l’extrême droite, s’affirment désormais sans honte « meilleur rempart que le RN contre le front populaire ».

Ceux qui organisent cette confusion en mettant sur le même plan le nouveau front populaire qui défend une République écologique et sociale et l’extrême droite et ses candidats qui défendent la préférence nationale et veulent revenir sur nos principes fondamentaux comme le droit du sol, ce que même Vichy n’avait pas osé faire, auront une responsabilité particulière en ce moment historique.

Socialistes, sociaux-démocrates, nous avons choisi d’être à la hauteur de l’Histoire et de prendre nos responsabilités face aux dangers pour la démocratie, pour nos valeurs d’égalité, de solidarité, de progrès social, de respect des droits humains, de laïcité, de fraternité.

Un premier ministre d’extrême droite ce n’est pas une alternance. C’est un changement de régime ! Qu’adviendrait-il de notre si chère devise qui orne les frontons de nos mairies ? Qu’adviendrait-il de notre Etat de droit ?

Un manteau noir s’abat sur l’Europe. Le patriotisme fait place peu à peu à une nouvelle forme de nationalisme, incarnée en France par le Front National. Je ne peux m’empêcher de penser, alors que la guerre a fait son retour sur notre continent, à ces mots de François Mitterrand lors de son dernier discours au parlement européen de Strasbourg : « Mesdames et Messieurs, le Nationalisme c’est la Guerre ! ».

J’en appelle à toutes les forces républicaines, avec lesquelles je l’espère, nous chérissons toutes et tous la République. Au-delà de nos désaccords, nous nous devons de faire face. On ne peut pas, on ne doit pas, opposer une grande force de Gauche et un parti qui a été créé par d’anciens Waffen-SS… Le Nouveau Front Populaire est composé des héritiers politiques de celles et ceux qui, avec bien d’autres français, se sont élevés contre la barbarie, rejoignant le Général De Gaulle dans la résistance et laissant de côté leurs différents politiques. Combien de militants de gauche, de communistes résistants fusillés pour combien d’extrémistes de droite ? Il n’y pas de signe égal à mettre entre la gauche et le RN ! La confusion est insupportable. Elle est ignoble.

Léon Blum disait : « la moralité consiste essentiellement en le courage de faire un choix ».

Choisir le Nouveau Front Populaire les 30 juin et 7 juillet prochains, c’est porter l’espoir qu’il fasse jour à nouveau au pays des lumières.

Yann GUEVEL

Premier secrétaire du PS Brest
Président du groupe des Élu·e·s socialistes de Brest
Premier secrétaire délégué de la Fédération socialiste du Finistère