La ville de Saponé, au Burkina Faso est une des villes ayant un jumelage avec Brest depuis 20 ans. Au début, une large part de la coopération s’est plutôt faite au travers du milieu associatif brestois, riche d’une quinzaine d’associations de solidarité internationale avec le Burkina. En 2007, cette coopération a pris une tournure différente puisque la collectivité a choisi de mobiliser le 1% solidarité eau (connu aussi sous le nom de loi Oudin-Santini) pour réaliser un projet d’alimentation en eau potable dans le centre médical de Saponé. D’un montant de 60 000 € sur deux ans, ce projet permettait d’apporter au centre médical une eau suffisamment propre pour les soins qui y sont pratiqués, comme les accouchements, par exemple.
Depuis le début du mandat, avec quelques élus nous travaillons sur la mise en place d’une coopération qui s’installerait plus sur la durée et moins sur des projets ponctuels, toujours avec notre ville jumelle du Burkina et dans le cadre du 1% solidarité eau.
Après une mission d’un technicien de BMO en février dernier à Saponé, un projet s’est peu à peu concrétisé autour d’une aide à la commune pour mettre en place un schéma directeur en eau potable et assainissement.
L’eau à Saponé, ce n’est pas l’eau à Brest. Il s’agit de quelque puits, manœuvrés par des pompes à main (PMH : pompes à motricité humaine) et souvent rien en terme d’assainissement. Cet état de fait maintien la population (surtout les femmes) sous la contrainte de puiser de l’eau journellement et de la transporter à pieds sur de longues distances. De même sur l’assainissement, le manque de toilettes dans les écoles éloigne les filles de l’éducation par exemple.
Sur l’eau potable, l’objectif de notre projet triennal sera de viser pour Saponé les objectifs du millénaire pour le développement, c’est-à-dire d’apporter à 75% de la population un accès à l’eau potable. La définition de l’ « accès à l’eau potable » étant d’avoir un point d’eau à moins de 1 km, pour l’alimentation de 300 personnes maximum, à raison de 20 litre/jour/habitant.
La démarche de Brest métropole océane n’est pas d’exporter nos façons de faire, mais au contraire d’intégrer les méthodes, les outils et les objectifs burkinabés. Notre programme de trois ans prévoit d’abord de les aider à élaborer leur schéma directeur en fonction de leurs besoins, puis de subventionner la réhabilitation d’une quarantaine de forages hors d’usage et la création de 20 latrines (correspondant au besoin des écoles). En parallèle, 13 forages seront réalisés dans le cadre de la coopération internationale japonaise, aussi présente à Saponé. Tout le travail se fera avec des équipes locales qui ont toutes les compétences nécessaires et les services de notre collectivité ne seront là qu’en support à ces travaux. Le coût total de l’opération pour Brest métropole océane est estimé à 210 000 € sur les 3 ans.
On pourrait se questionner sur le sens de ce type de coopération. Que va faire une collectivité comme Brest métropole océane au Burkina Faso et pourquoi y dépense-t-elle ainsi 1% de l’argent des usagers de l’eau de notre territoire ?
Un premier élément de réponse est surement dans la notion de solidarité. Ce jumelage nous montre depuis 20 ans à quel point ces personnes sont proches de nous et aussi à quel point elles sont loin en terme de développement, sur un sujet aussi basique pour nous que l’accès à l’eau. La solidarité est surement un élément constitutif d’une part de notre nature qui nous est nécessaire et qui est en même temps nécessaire au rétablissement d’un niveau d’équilibre acceptable.
Le second élément de réponse est plus dans le sens de la coopération : parce que cela nous apporte aussi. On aurait tord de croire que notre développement nous donne plus de réponses qu’à d’autres. Au contraire, notre développement, la modernité, la modernisation nous éloigne souvent du sens (et parfois du bon sens) qui a fondé, au fils de l’histoire, la société que nous avons hérité. Revenir aux sources, se retrouver dans un environnement qui rompt l’équilibre confortable dans lequel nous baignons, n’est pas sans intérêt pour réfléchir ce que sont les fondamentaux de l’intérêt général.
Si nous pouvons apporter beaucoup à nos amis de Saponé, ils peuvent eux-mêmes nous donner énormément à réfléchir sur la société dans laquelle nous vivons, sur les éléments essentiels, mais aussi sur nos dérives et le superflu. Chacun a à gagner dans cette relation qui noue amitié entre les peuples et développement mutuel.
Photo : Caitlin Evans