Chaque année, la période de Noël est l’occasion de prises de position pour une ouverture "exceptionnelle" des commerces les dimanches précédant les fêtes de fin d’année. Cette démarche en cache une autre et le terme exceptionnel, dans la bouche des élus d’opposition, ne saurait tromper personne : la droite poursuit son long travail de sape pour remettre en cause le repos dominical et la fermeture des magasins le dimanche.
A ce titre, plusieurs lois ont été proposées et défendues par la majorité présidentielle pour permettre l’ouverture soit de tous les commerces, soit des grands centres commerciaux, soit des magasins en zone touristique. Certaines de ces initiatives se sont soldées par des échecs, mais lentement, ce principe fondamental est en train d’être grignoté et remis en cause.
Les prises de positions de certains élus de la droite brestoise ne sont rien d’autre qu’une nouvelle démarche dans ce sens. A cette interpellation, nous répondons une nouvelle fois par notre opposition ferme à l’ouverture des magasins le dimanche. Ou du moins à l’emploi de personnel ce jour là : les patrons des magasins sont aprfaitement libres d’ouvrir et de travailler ce jour là s’ils le souhaitent.
La première raison à cette opposition est économique. Tous les commerces n’ont pas la possibilité d’ouvrir le dimanche. S’il ne fait aucun doute que les grandes surfaces ont cette capacité, une partie des enseignes plus petites et de proximité n’ont pas les moyens d’ouvrir le septième jour de la semaine. Accepter cette entorse au droit du travail, c’est accepter d’accroitre le déséquilibre et la concurrence accrue des grandes enseignes contre les plus petites structures. D’ailleurs, les grandes surfaces ont annoncé clairement la couleur : si l’autorisation est donnée, elle acueilleront les clients le dimanche, puisque l’autorisation ne peut être valable que sur la ville entière. Comment croire que cela pourrait profiter au commerce de centre ville ?
La deuxième raison est sociétale. Nous ne voulons pas d’une société où les parents ne pourraient plus voir leurs enfants, où les sorties du dimanche se feraient dans des galeries commerciales, et où les familles seraient séparées par des horaires décalés. Le repos dominical est essentiel pour offrir à chacun et aux familles autre chose que du temps de consommation. Contrairement à ce que laisse croire M. Roudaut, cette analyse fait l’unanimité au sein de la gauche, qui s’est battue ensemble contre les projets de lois qui voulaient remettre en cause cette organisation du travail. En revanche, la droite est divisée sur ce point, et on peut être certain que tous les élus de l’opposition municipale ne sont pas solidaires de cette demande. D’ailleurs, les élus de Guilers, Plougastel et Gouesnou, mais aussi bien sûr les maires de gauche de la communauté urbaine, sont sur cette même position et n’accorderont pas d’autorisation d’ouverture. Mais là, la droite brestoise ne crie pas à l’idéologie.
Pour le reste, la prise de position de Stéphane Roudaut a de quoi surprendre. Clairement, ouvrir un jour de plus n’augmente pas la consommation ! Elle reporte simplement les ventes de certains commerces sur ceux qui peuvent ouvrir le dimanche. Mais en aucun cas le volume d’achat global n’augmente, puisque celui-ci dépend principalement des revenus et de la situation des ménages. D’ailleurs, les associations de consommateurs ont fait savoir, lors de la concertation à ce sujet en juin, qu’elles n’étaient aps demandeuses de cette ouverture.
Disons-le clairement : ouvrir un jour supplémentaire est une fausse solution et n’apporte pas de revenus supplémentaires au commerce dans son ensemble. Ce qui pourrait aider et soutenir le commerce, ce serait justement des politiques de soutien de la consommation, comme une hausse du SMIC, une politique d’augmentation salariale ou de création d’emploi, ou plus de justice fiscale. Évidemment, le gouvernement de François Fillon ne propose rien de tout cela, au contraire : en ce moment même, la droite réfléchit à l’augmentation de la TVA pour combler le déficit. Une mesure juste dont l’impact sur la consommation sera immédiate !
La droite veut défendre le commerce, et soutenir la consommation ? Qu’elle cesse ses prises de position démagogiques et défende une meilleure redistribution des richesses, une hausse des revenus et la fin des avantages fiscaux injustes qui ne profitent qu’aux plus riches. C’est, de très loin, le meilleur moyen de soutenir la croissance et la consommation aujourd’hui. Mais cela demande de regarder en face le bilan désastreux de la politique du gouvernement ces dernières années. Et cela, la droite n’est pas prête à le faire.