Monsieur le Maire, chers collègues,
Je voudrais en introduction de ce conseil évoquer un sujet et des faits qui nous mobilisent.
Cet été a été marqué par des faits très graves de délinquance et par des tensions localisées sur certains secteurs de la ville.
Nul ne nie ces faits. A quoi cela servirait –il ?
Nous travaillons sur ce sujet - comme sur tous les sujets qui préoccupent les Brestois - dans le cadre de différents dispositifs, en cohérence et en partenariat étroit avec les services de l’état.
Clairement, ces faits sont tous liés à des alcoolisations massives, trafics et consommations de stupéfiants.
La mobilisation de la police nationale a permis dans un certain nombre d’affaires, d’interpeller les auteurs afin qu’ils puissent être jugés et sanctionnés.
Je salue d’ailleurs l’engagement des fonctionnaires de police et de toutes celles et ceux qui - sans dogmatismes, sans effets de manches et de posture -œuvrent avec nous à construire une ville sure, dans le respect des valeurs républicaines.
Revenons à la question des addictions, celle-ci vient d’ailleurs de faire l’objet d’un rapport qui évalue à près de 250 milliards d’Euros le coût chaque année, des addictions pour notre pays, dont près de 130 milliard d’Euros rien que pour l’alcool et les drogues.
La lutte contre les addictions est une préoccupation prioritaire et nous l’avons bien inscrite dans notre programme municipal.
Ce qui est un enjeu pour la France est aussi un enjeu pour Brest afin de maintenir dans notre ville la qualité de vie, la sécurité, jour et nuit. Qualité de vie qui quoiqu’on en dise reste un de nos atouts.
Là aussi, les incantations et les discours ne font plaisir qu’à celles et ceux qui les ânonnent et caricaturent en faisant naitre des peurs !
La problématique des addictions est une priorité sur laquelle nous travaillons à plusieurs élus.
Comme vous nous l’avez demandé, Monsieur le Maire, dans les prochaines semaines, un certain nombre d’acteurs brestois reconnus pour leur mobilisation en matière de lutte contre l’usage abusif de l’alcool seront sollicités pour nous rejoindre et impulser une nouvelle mobilisation collective à Brest sur les questions d’alcool.
Vous avez souhaité qu’au printemps prochain nous puissions, à partir d’une proposition émanant de ce groupe, rassembler tous ceux qui œuvrent déjà à Brest.
Il s’agira à partir d’un état des lieux de ce qui se fait déjà, de pointer les axes sur lesquels concentrer nos efforts
Nous en voyons déjà plusieurs : l’alcool sur l’espace public, les questions de violence dans le cadre familial et dans la ville, l’isolement social que renforce chez certain la maladie alcoolique, le rapport des jeunes à l’alcool…
Il ne s’agit pas de dire ici que tout va changer du jour au lendemain, mais s’appuyant sur ce qui existe, sur ce qui a été fait, faire bouger les lignes, et prendre ces questions à bras le corps
L’arrêté pris en début d’été d’interdiction de consommation d’alcool sur l’espace public du centre-ville entre dans ce cadre.
Quelles limites se donne-t-on collectivement en la matière ?
Est-il normal de consommer, jusqu’à l’ivresse, sur l’espace public ?
Mais aussi quelles souffrances, quel isolement social cela traduit-il ?
Cet arrêté n’est en rien liberticide. Il pose une règle collective. Il permet aussi aux acteurs sociaux de travailler autour de toutes ces questions.
Vivre ensemble, c’est partager des règles communes.
Les questions posées par la surconsommation d’alcool sur la voie publique heurtent pleinement ce vivre ensemble. Depuis sa signature une quinzaine de verbalisations ont eu lieu. Nous ferons au printemps un premier bilan.
De même, quand nous constatons qu’une part importante du travail des agents de prévention de sécurité embauché depuis ce printemps par Bibus et présents chaque soir du jeudi au samedi dans le tram, porte sur le respect de l’interdiction de consommer de l’alcool dans les transports publics, nous nous disons que nous devons collectivement nous interroger sur le pourquoi de tous ces comportements liés à l’alcool.
Un autre sujet mais qui lui aussi peut être relié à cette prégnance de l’alcool dans la ville, les accueils dans les bureaux de police de quartier.
Nous avons tous lu que certains s’interrogeaient sur le bien-fondé de ces commissariats de quartier, les mêmes qui en leur temps ont rompu le lien de proximité entre la police nationale et les habitants.
Pour ma part, car je connais bien le travail qui y est mené, je n’ai aucune interrogation là-dessus.
Nous avions il y a quelques années accompagnés financièrement l’amélioration de l’accueil des habitants au commissariat Colbert.
Nous allons désormais poursuivre avec les bureaux de police de Bellevue et de Lambézellec. Nous allons y consacrer près de 100 000€ de travaux et d’ailleurs dans le cadre du vote de la DM, nous allons être amenés à nous prononcer sur cet investissement.
Comme j’ai pu le rappeler récemment à la presse, nous sommes très attachés à ce que tous les habitants victimes de faits répréhensibles puissent déposer plainte, quel que soit leur quartier.
Qu’ils soient reçus dans des locaux adaptés et que les policiers chargés du lien avec les habitants puissent recueillir dans de bonnes conditions de travail les plaintes.
Après, si cela amène une plus grande exhaustivité des plaintes, si cela améliore encore le lien entre les habitants et la police nationale, si cela permet par une connaissance parfaite de tous les faits de délinquance, une meilleure activité de la police nationale par un meilleur ciblage des priorités, ce sera là un bon investissement.
Et même si cela peut amener une augmentation ponctuelle des plaintes, nous n’avons pas l’œil rivé chaque matin sur les statistiques.
Le travail de la police nationale est un travail du quotidien et un travail qui s’inscrit dans la durée.
L’augmentation ces derniers mois des élucidations qui permettent à la justice de sanctionner nombre de délinquants mérite d’être saluée.
Pour revenir sur les questions d’alcoolisation et de l’impact que cela a sur le travail de la police nationale, nous allons d’ici la fin de l’année, faire appel aux médecins pour tenir des vacations au commissariat Colbert, nous travaillons actuellement aux modalités techniques de mise en œuvre en nous appuyant sur l’expérience de quelques villes.
Juste un exemple : Une personne alcoolisée interpellée quel que soit le délit, doit être vue par un médecin. Aujourd’hui une patrouille, 3 policiers, qui interpelle une personne alcoolisée doit se rendre aux urgences de l’hôpital. Cela dure en moyenne près d’une heure pendant laquelle ces 3 policiers sont mobilisés
Quand on sait qu’il y a, rien que pour les ivresses publiques et manifestes près de 70 interpellations par la police chaque mois….Je vous laisse faire le calcul !
Sur les autres drogues illicites, on sait tous combien le trafic, les consommations, provoquent de difficultés.
Sur ces sujets, je sais le travail qui est mené par la police nationale, par la justice, mais aussi la vigilance des chefs d’établissements scolaires et celle de nombreux parents qui peuvent trouver à Brest le soutien de structures, dépendant notamment du CHU.
Sur ces aspects, je souhaite que la lutte contre l’économie souterraine s’amplifie, que celles et ceux qui vivent et s’enrichissent de ces trafics, quels que soient les montants et les quartiers où ils résident, soient sanctionnés et vivent à Brest en insécurité.
Probablement que face à cette mobilisation plus forte contre l’économie souterraine et les trafics, certains chercheront à nous faire reculer. Mais nous ne reculerons pas et je sais la mobilisation des services de l’Etat en la matière.
Je les soutiens et nous serons à leurs côtés.
« Sécuriser une ville est bien plus qu’une opération technique et ensemble nous construisons une politique équilibrée de sécurité pour tous ! »
Des faits d’incivilités, des actes de délinquance, nous en connaissons tous ! La diversité des situations nous amène à mettre en œuvre des réponses différentes en lien avec nos partenaires du Contrat Local de Sécurité et les habitants.
Une fois encore, ceci est l’illustration de notre engagement concret pour la sécurité , la tranquillité et la qualité de vie dans notre ville, jour et nuit, loin de tout discours idéologique et de ces solutions à l’emporte-pièce qui polluent régulièrement les débats dès lors qu’il s’agit de parler concrètement de la tranquillité et de la sécurité de nos concitoyens.