M. le Maire, chers collègues,
Je voudrais revenir, au nom du groupe socialiste, sur le mouvement social des Gilets Jaunes qui traverse notre pays depuis plusieurs mois.
D’abord pour dresser un constat : ce mouvement social marque le retour sur la scène politique des classes populaires et nous pensons qu’il est vital pour la nation, à l’heure où l’individualisme occupe une place trop importante dans toutes les sphères de la vie, que des milliers d’hommes et de femmes réinvestissent le débat public pour s’indigner contre le creusement des inégalités de richesse et contre l’affaiblissement des services publics.
Au dernier conseil municipal, des porte-paroles des Gilets Jaunes ont exprimé leurs revendications dans cette assemblée. Depuis, la collectivité s’est entretenue avec eux et certains d’entre nous sont allés les rencontrer. La salle des syndicats leur a été mis à disposition pour qu’ils puissent tenir des assemblées, et le terrain au rond-point du Gaz mis à disposition pour qu’ils puissent installer un lieu de rencontre.
Des cahiers de doléances ont également été mis en place dans l’Hôtel de ville et dans toutes les mairies de quartier. Les habitants ont exprimé une colère légitime pour davantage de justice sociale et fiscale, et pour davantage de démocratie.
Les demandes consignées dans les cahiers de doléances sont claires : rétablissement de l’ISF, impôts plus progressifs, revalorisation des faibles revenues et des petites retraites, pérennité des services publics, souhait d’une démocratie rénovée. Nous voyons s’articuler ici ces deux idéaux que sont la justice sociale et la démocratie participative, deux idéaux fidèles à nos valeurs de gauche, deux idéaux fidèles aux actions que nous menons à Brest.
En novembre dernier, le refus de la taxe carbone a d’abord été stigmatisé comme l’affirmation d’un droit à l’automobile qui évacuerait toute considération écologique. Ceci est bien entendu faux. Par l’ampleur de ce mouvement, c’est l’ensemble de la société qui a commencé à repenser la question de l’écologie en lien avec la justice sociale. Car au fond, les inégalités dont sont frappées les classes populaires et les dérèglements environnementaux ont une même cause, à savoir le système économique néolibéral actuel. Et ce système est l’adversaire commun de ceux qui n’arrivent pas à boucler leur fin de mois et de ceux qui luttent contre le dérèglement climatique.
Et nous voyons très bien à l’échelon de notre ville que conjuguer la justice sociale et le développement durable est tout à fait possible. Le budget que nous allons voter ce soir l’en atteste. La solidarité est au cœur de notre action ; depuis des années nous l’avons volontairement organisée et coordonnée entre tous les acteurs de terrain. Mais cela ne nous empêche pas d’agir en parallèle pour le climat et le développement durable. Ce soir, je pense particulièrement à la rénovation énergétique de nos écoles publiques ; mais je pourrais également parler de notre réseau de chaleur qui nous fait économiser 30 000 tonnes de CO2 par an, de notre politique de rénovation thermique des logements ou encore du vaste programme de promotion et de production des énergies renouvelables. Je pourrais également parler de tout le travail porté sur les déplacements avec le double objectif de l’amélioration des mobilités durables pour tous et la lutte contre le changement climatique.
En ce qui concerne les demandes d’une démocratie rénovée, nous ne pouvons pas nier le sentiment dominant auprès d’une part croissante de citoyens d’être mal représentés, voire de ne l’être plus du tout. Les mesures qu’Emmanuel Macron a prises pour les ultra-riches ne font qu’aggraver ce déni de représentation qui confine à la trahison et suscite une forme de colère à l’égard de l’ensemble de la classe politique.
En soi, ce mouvement a réactivé un sens de l’égalité et de la morale. Elus locaux, nous sommes en contact quotidien avec les citoyens et il est aussi de notre devoir de répondre à cette demande de plus de démocratie. Celle qui nous concerne ici est bien sûr la démocratie locale.
Contrairement au gouvernement et à sa vision élitiste de la démocratie, nous affichons à Brest une vision bien plus ambitieuse de celle-ci qui consiste à penser que nous élus, nous ne pouvons pas purement et simplement nous substituer aux habitants. Au quotidien, les Brestoises et les Brestois nous interpellent et contribuent au processus de décision des politiques publiques.
La participation citoyenne est progressivement devenue un réflexe de notre action politique. Je pense bien entendu à la place et au rôle primordial des conseils consultatifs dans les quartiers. Je pense aux phases de concertation récurrentes aux quatre coins de la ville qui intègrent les habitants dans la création des politiques publiques au plus près des besoins et des réalités. Je pense aussi au travail considérable qui est réalisé avec le tissu associatif et les équipements de quartier que nous soutenons fortement. Je pense évidemment au premier budget participatif de notre ville dont la réussite témoigne de l’envie toujours plus importante des habitants de s’impliquer dans leur ville. Et nous le constatons, l’imagination des Brestoises et des Brestois est riche d’envies et d’idées nouvelles.
Mais la démocratie locale ne s’arrête pas aux politiques que je viens de citer. La participation citoyenne et le lien social rayonnent tous les jours dans les quartiers. Et en tant que maire adjointe du quartier de Lambézellec, je suis d’autant plus à l’aise pour parler des dynamiques de nos quartiers qui se construisent avec et pour les habitants. Je pourrais citer le Projet éducatif et citoyen qui fait participer l’ensemble de la jeunesse aux projets qui la concernent. Je pourrais citer le collectif animations qui porte les fêtes des quartiers ou encore la politique de la ville sur les quartiers prioritaires qui accompagne les projets des habitants.
La politique que nous menons, ce n’est pas de la communication cynique comme au niveau national mais bel et bien de l’action continue et fidèle à notre projet politique de gauche d’améliorer la vie des habitants, quelle que soit leur condition de richesse et quelle que soit leur condition de naissance, et de changer la ville avec la participation essentielle des Brestoises et des Brestois.
Elus socialistes, nous sommes convaincus que les responsables politiques à la tête de l’Etat doivent prendre conscience que les inégalités sociales sont devenues insupportables et nous espérons sincèrement que les contributions de nos concitoyens amèneront le gouvernement et les parlementaires à faire évoluer la politique pour plus de justice de sociale et de démocratie.